Entretien avec Steve WARING

dimanche 2 mars 2008
par  Bruno

Quand es-tu arrivé en France ?
Je suis arrivé à l’âge de 22 ans en 1965 pour un an. Je ne parlais pas très bien le français. J’avais travaillé deux ans à l’Université et je pensais me débrouiller avec cela. Dans mon Université, il n’y avait pas de laboratoire. J’avais donc passé deux ans à lire le français. J’étais passionné de théâtre. Quand je suis arrivé en France, je suis alors entré à Paris dans une école de mime de Jacques LECOQ.
Mais les gens étaient passionné par ce que je jouais. Depuis cinq ou dix ans, aux USA, on avait déjà redécouvert la folk song. Ici, ça commençait seulement.
Pendant quatre ou cinq ans, j’ai tourné de temps en temps avec une compagnie de théâtre mime. Le reste du temps, pour gagner ma vie, je chantais et parfois aussi je doublais en américain des films français.
Et en 1968, j’ai décidé de rester en France. J’avais déjà enregistré les Grenouilles.

Tu avais déjà écrit la Chanson des Grenouilles ?
Oui et non. On croit toujours que j’en suis l’auteur. Et bien, non ! c’est une histoire traditionnelle de l’Est du Texas, près de la Louisiane où les grenouilles sont nombreuses et très très sonores. Et quand j’étais encore aux États-Unis, je chantais déjà les Grenouilles.
De la même façon, le Matou revient est aussi une adaptation que j’ai faite d’une chanson traditionnelle américaine.

Comment es-tu venu à travailler auprès des enfants ?
En 1970, je suis arrivé à Lyon. J’ai fait un spectacle pour les adultes. Et une dame dans le public, lyonnaise, intervenante dans les écoles, m’a proposé de venir travailler avec elle. Elle s’occupait entre autre des enfants de l’école ouverte de Saint-Fons. C’était Renée MAYOUD. Elle a trouvé l’école, une équipe, des musiciens et nous avons enregistré le disque la Baleine Bleue.


Mais comment est née cette "Baleine bleue" qui est l’une des chansons phares ?

C’est une des premières chansons que j’ai écrite en français. Au départ, je me suis inspiré de la forme d’une chanson à accumulation québécoise : Ma femme avait un grand chapeau. Je voulais écrire une chanson sur la pollution. C’est un problème aussi à accumulation. J’ai légèrement changé la mélodie. Mais j’ai voulu rester dans l’esprit du folklore.

Qu’appelles-tu l’esprit du folklore ?
C’est difficile à expliquer rapidement ; c’est quelque chose de collectif , proche de BRASSENS pour les paroles, proche de BACH pour la musique, c’est à dire proche des grands maîtres. Ces merveilleuses poésies se retrouvent dans les chansons du folklore, dans les chefs-d’œuvre qui ont été patinés et stylisés par les centaines de voix qui les ont interprétés.

Et dans ce cadre, tu as participé à la création du "Serpent à Sornettes".
Oui, mais c’est une idée de Renée MAYOUD. Avec son fils Jacques, elle a eu l’idée de travailler à partir de chansons traditionnelles vers la création de chansons avec les enfants. Elle m’a demandé alors de venir enregistrer le disque avec les classes .

Tu as souvent lié le théâtre et la chanson.
Ce sont mes deux passions. Je faisais du théâtre avant de chanter. Lors de mon arrivée à Lyon, j’ai eu la chance de rencontrer deux personnages, Maurice MERLE et Christian ROLLET qui m’ont permis de lier les deux mondes. Avec leur théâtre, ils faisaient de la musique. On ne voyait pas la différence. Nous avons créé des spectacles tous les deux ou trois ans : l’Opéra Jub Jub autour des textes de Lewis CAROLL, les Passe-temps d’une pierre, l’histoire d’Einstein raconté aux gamins –c’est gonflé, hein ! (rires)- et on l’a même adapté en japonais ! Heureusement qu’il y avait peu de textes ! et nous l’avons joué pendant deux mois au Japon.
Et depuis, ça n’a pas arrêté. J’ai continué le théâtre et le spectacle avec Alain GIBERT : le Roi démonté en 1993, Cinq Frères dans un Puits en 1997… J’ai monté aussi avec Alain GIBERT des "big band" d’enfants jusqu’en Martinique, Réunion et Nouvelle Calédonie.

Et tu poursuis ce travail.
Oui, j’ai toujours eu le privilège d’avoir beaucoup de travail dans la France entière et dans divers pays : Liban, Éthiopie, Djibouti....